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Agence Europe I Christine Lagarde et les députés européens se sont engagés dans un dialogue dense sur l'inflation, le climat et la politique monétaire

Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), et les députés européens de la commission des affaires économiques et monétaires (ECON) avaient rendez-vous, lundi 27 novembre, pour le dernier dialogue de politique monétaire de 2023. 

La présidente a donné un aperçu de la situation macroéconomique. En particulier, elle a souligné que l’inflation globale avait baissé à 2,9% en octobre, et l'inflation sous-jacente à 4,2%. La décélération de l'inflation se poursuit, mais Mme Lagarde a précisé à Stéphanie Yon-Courtin (Renew Europe, française) que les prix de la nourriture évoluaient encore fortement. 

Pour la présidente, l’accélération inédite de la hausse des taux directeurs a contribué à réduire l'inflation et il faudrait sans doute maintenir ces taux suffisamment longtemps pour atteindre l’objectif des 2% d'inflation à moyen terme, ce qui sera évidemment décidé réunion par réunion, sur la base des données et des trois critères de la BCE. 

La présidente a estimé en outre qu’il fallait être à la fois patients et attentifs. Elle a répondu à Elefthérios Nikoláou-Alavános (non inscrit, grec) que l’on observait un exercice d’équilibre entre la contribution à l’inflation des salaires et des profits, que l’augmentation des salaires - qui continue notamment en raison du rattrapage et d’un marché du travail tendu - allait rencontrer une diminution des marges bénéficiaires. 

Plus globalement, la présidente a également insisté, notamment face à Georgios Kyrtsos (Renew Europe, grec), sur l’importance d’un accord rapide sur la révision des règles budgétaires européennes. 

Elle a estimé crucial que les législateurs avancent sur l’Union des marchés des capitaux, notamment pour faciliter les investissements privés nécessaires aux transitions verte et numérique. 

Politiques économiques et environnement 

Christine Lagarde a énoncé, dans ses remarques préliminaires, les efforts de la BCE en matière climatique. 

Elle a estimé que la lutte contre le changement climatique était d'abord l'affaire des gouvernements, mais que la question était pertinente dans le cadre du mandat primaire de la BCE, car la stabilité des prix était essentielle pour attirer les investissements nécessaires à la transition verte. 

La présidente a indiqué à Michiel Hoogeveen (CRE, néerlandais) que la BCE avait, dans son objectif primaire, l’obligation d’inclure toutes les composantes qui l’aideront à déterminer la situation macroéconomique, qu'elle devait utiliser ses modèles de la manière la plus efficace possible pour préparer les décisions de politique monétaire et qu’elle avait pour objectif secondaire - sans préjudice de l’objectif primaire, qui prévaut - d'accompagner et de soutenir les politiques économiques décidées par les autres institutions. 

Mme Lagarde a reconnu qu'à court terme, la lutte contre le changement climatique pouvait présenter un aspect inflationniste, mais a indiqué qu’à moyen terme, l’effet sera désinflationniste. 

La présidente a en outre précisé à Jonás Fernández (S&D, espagnol), dans le respect du mandat de chacun, qu'il serait approprié que les externalités environnementales soient réintégrées dans les prix de l’énergie et des produits liés à l’énergie. 

Pantouflage 

Interrogée par Lidia Pereira (PPE, portugaise) sur les accusations de pantouflage concernant Mário Centeno, Christine Lagarde a confirmé qu’elle avait reçu des lettres d’eurodéputés et demandé au comité d’éthique dédié de la BCE d’examiner le cas, et qu'elle attendait les résultats du travail du comité. 

PEPP 

La présidente a précisé à Markus Ferber (PPE, allemand) que la BCE avait indiqué qu'elle continuerait à réinvestir jusqu’en 2024 au moins dans le cadre du programme d’achat d’actifs en période de pandémie (PEPP). 

« C’est un dossier qui va probablement être l’objet de discussions et de considérations au sein du Conseil des gouverneurs dans un futur proche, et il est possible que nous réexaminions cette proposition », a-t-elle ajouté. 

Cadre opérationnel 

Enfin, la présidente a répondu à Gunnar Beck (ID, allemand) que le cadre opérationnel de l'Eurosystème faisait l’objet d’un examen et que ce serait au Conseil des gouverneurs de décider du prochain cadre. 

La présidente a souligné qu’elle pouvait imaginer que les travaux résulteraient en un bilan dont la taille serait plus petite que lors du pic observé précédemment, mais de taille plus importante que n’était ce bilan avant la grande crise financière.

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