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Agence Europe - Face aux dérives d'Elon Musk et de X, les eurodéputés fustigent l'inaction de la Commission sur l'application du DSA - 22/01/2025
Face aux dérives d'Elon Musk et de X, les eurodéputés fustigent l'inaction de la Commission sur l'application du DSA
Bruxelles, 21/01/2025 (Agence Europe) – Moins de 24 heures après l'investiture de Donald Trump comme 47e président des États-Unis, les députés européens réunis en session plénière à Strasbourg, mardi 21 janvier, ont réitéré leurs inquiétudes face aux récents agissements des géants américains de la tech. Dans un long débat de plus de trois heures sur l'application du règlement sur les services numériques (DSA)(EUROPE B13559A9), les élus ont de nouveau alerté la Commission sur les enjeux démocratiques et de sécurité publique que pouvaient représenter les changements de politiques de modération de contenu, annoncés par plusieurs plateformes. Les eurodéputés n'ont pas manqué de rappeler les prises de position publiques d'Elon Musk en faveur du parti de la droite radicale allemande, Alternative für Deutschland (AfD), et ses récentes et violentes attaques contre les principes du DSA. « Les dérégulations dans le secteur de la tech menées par Trump et ses acolytes ne nous apporteront pas la liberté et la démocratie, mais nous plongeront plus profondément dans une oligarchie technologique, accolée à un narratif d’extrême droite, xénophobe, viriliste, brutal et cynique », a ainsi déclaré David Cormand (Verts/ALE, français). La présidente du groupe des socialistes et démocrates, Iratxe García Pérez (espagnole), n'a pas mâché ses mots contre le « silence » de la Commission, qu'elle juge « inacceptable » : « L'inaction n'est pas une neutralité, c'est une complicité. Il ne suffit pas de légiférer ou de dénoncer. Nous devons veiller à l'application effective de nos règles et sanctionner ceux qui les enfreignent ». Mêmes réactions indignées du côté des libéraux de Renew Europe : « Quand une plateforme devient un outil d’ingérence et de haine, elle cesse d’être un réseau social pour devenir une arme politique », a soutenu Stéphanie Yon-Courtin (Renew Europe, française). Sur les bancs de la droite radicale, en revanche, plus favorables à Elon Musk et Donald Trump, le DSA est dépeint comme une machine législative favorisant la censure au sein de l'Union. Le coprésident du groupe des Conservateurs et réformistes (CRE), Nicola Procaccini (italien), a vivement critiqué les indignations du centre gauche : « Lorsque la gauche dominait les réseaux sociaux, décidant qui pouvait parler et ce qui pouvait être dit, elle ne voyait pas la nécessité de débats comme celui-ci. Aujourd'hui, alors que son emprise se relâche, elle exige soudain des mesures. La loi sur les services numériques doit être un outil de liberté, et non un moyen d'imposer un parti-pris idéologique », a-t-il martelé face aux objections de ses collègues. Le DSA ne désigne cependant pas quels discours sont pénalement répréhensibles, cette décision revenant à chaque État membre de façon individuelle, mais encadre la nécessité de lutter contre leur diffusion. Pointée du doigt, la Commission, en la personne de Henna Virkkunen, commissaire chargée de la Souveraineté technologique et du Numérique, s'est engagée à « accélérer le travail dans les affaires actuelles et à apporter des conclusions sur celles-ci aussi rapidement que possible au regard des procédures légales ». Elle entend « présenter une approche ambitieuse » dans le cadre du futur « bouclier pour la démocratie », a déclaré Henna Virkkunen en fin de débat, sans donner plus de détails. (Isalia Stieffatre)