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Euractiv I « Le cider n’est pas du cidre » : des eurodéputés interpellent la Commission pour défendre la boisson française
Sujet explosif pour les bouteilles de pétillant. En avril dernier, la Commission européenne a annoncé son intention d’harmoniser les normes de commercialisation pour le cidre, entraînant la grogne des producteurs et, maintenant, celle des eurodéputés :
« Pourquoi la Commission envisage-t-elle de mettre en place un tel règlement qui pourrait tirer vers le bas la qualité des cidres et poirés dans des pays comme la France qui exigent une teneur en fruit de 100 % ? », interrogent les élus dans une question écrite à la Commission le 5 septembre dernier.
Cette coalition transpartisane est composée de Christophe Clergeau (S&D), Jérémy Decerle (Renew), Irène Tolleret (Renew), Anne Sander (PPE), Stéphanie Yon-Courtin (Renew) et Valérie Hayer (Renew).
En France, mais aussi en Espagne et en Pologne, le cidre doit contenir 100 % de fruit, ce qui n’est pas le cas du « cider » ailleurs en Europe, notamment en Suède, qui exige au minimum 16 % de jus de pommes. Or, en harmonisant la réglementation, les eurodéputés s’attendent à une exigence européenne plus faible qu’en France, et la mise sur le marché de cider sous l’appellation « cidre ».
Répondant à une question au Sénat le 25 mai dernier, le ministre de l’Agriculture avait assuré que la France soutiendrait une « obligation d’une teneur en jus de fruit de 100 % pour porter la dénomination « cidre » », avec « une volonté d’harmoniser les pratiques à l’échelle européenne, et de préserver les productions françaises de qualité. »
Le rapport de la Commission indique en effet plusieurs options possibles en termes de compositions, partant de la moins exigeante avec une teneur en fruit apparaissant simplement dans les mentions réservées facultatives (MRF), jusqu’à l’exigence d’au moins 50 % de fruits. L’exécutif européen précise tout de même en conclusion qu’il est favorable à cette dernière option, les autres n’étant « pas suffisantes ».
Face à la grogne des producteurs, la Commission avait déjà tenu à rassurer dans un communiqué, rappelant qu’elle n’était qu’en phase de concertation et qu’une législation n’était pas encore décidée. Elle avait toutefois rappelé que sans définition commune, les consommateurs ne discernaient pas les différences entre les différents cidres, créant également une concurrence déloyale entre les producteurs.
« La commission s’est rendu compte qu’elle avait fait une erreur politique, note Valérie Hayer. L’intention est bonne, et cela pourrait certainement créer de nouveaux marchés, même pour les producteurs français, mais le risque est trop grand de voir le cider inonder le marché français ».
La suite ? La Commission précise qu’elle fera une proposition législative, « si et seulement si la valeur ajoutée d’établir une norme européenne est avérée ».
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