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La Croix I UE : qui est Fiona Scott Morton, l’Américaine nommée à la Direction de la concurrence ?
La Commission européenne a nommé, mardi 11 juillet, Fiona Scott Morton, une professeure d’économie américaine, à la tête de la Direction générale de la concurrence européenne. Cette décision fait débat au sein des institutions européennes sur fond de conflit d’intérêts.
Une Américaine pour surveiller la concurrence européenne. C’est le choix audacieux de la Commission européenne qui a nommé, mardi 11 juillet, Fiona Scott Morton économiste en chef de la concurrence à la Direction générale de la concurrence européenne.
Cette professeure d’économie, première femme chargée de ce poste, sera aussi la première Américaine. Mais la nomination a été difficilement acceptée dans les rangs des représentants européens à cause des précédentes activités de cette ancienne conseillère d’Apple et Amazon.
À quel poste a-t-elle été nommée ?
Fiona Scott Morton prendra ses fonctions au 1er septembre prochain à la Commission européenne en tant que cheffe économiste de la Direction générale de la concurrence européenne. Cette direction veille au respect du droit de la concurrence entre les différentes entreprises.
« Avec une formation universitaire de haut niveau et des décennies d’expérience en matière d’analyse économique et de politique de la concurrence, Fiona Scott Morton possède une connaissance approfondie de la dynamique des marchés et des cadres réglementaires »,salue la Commission européenne.
Quel est le parcours de Fiona Scott Morton ?
La Commission européenne justifie son choix par la formation approfondie de l’Américaine, une pointure dans le domaine des politiques antitrust (anticoncurrentielles). Diplômée de l’université Yale, Fiona Scott Morton est docteure en économie au MIT (Massachusetts Institute of Technology).
Actuellement professeure d’économie à l’école de management de Yale et affiliée à l’université d’Édimbourg, l’universitaire a aussi occupé un poste de procureure générale adjointe chargée de l’analyse économique au sein de la division antitrust du ministère américain de la justice de 2011 à 2012.
Pourquoi sa nomination fait débat ?
Pour travailler au sein de l’Union européenne, il faut normalement un passeport européen. Or Fiona Scott Morton est de nationalité américaine. Mais il existe quelques exceptions qui permettent l’emploi de ressortissants de pays hors de l’Union européenne.
Sa nationalité n’est toutefois pas le seul point qui fait grincer des dents. Certains représentants de l’Union européenne et d’ONG mettent en avant le risque de conflit d’intérêts avec les Gafam.
En 2020, le magazine The American Prospect révèle que l’ancienne salariée du ministère de la justice américaine avait été consultante pour Apple et Amazon. La professeure n’avait révélé que très tardivement ses liens avec Apple.
Différentes organisations (le conseil irlandais pour les libertés civiles, l’Observatoire de l’Europe industrielle, l’Alliance des petites et moyennes entreprises européennes ou Lobby Control) avaient fait part de leurs inquiétudes avant la nomination de l’Américaine dans une lettre conjointe destinée à Margrethe Vestager, responsable de la politique antitrust de l’UE.
À l’annonce de sa nomination, des députés européens se sont insurgés de l’ingérence potentielle des Gafam au sein des institutions européennes. « Est-on obligé de recruter chez les GAFAM américains ? », s’offusque ainsi Stéphanie Yon-Courtin, députée européenne Renew.
Même condamnation chez Nathalie Loiseau, députée européenne PPE : « La commissaire Vestager n’a donc trouvé aucun Européen qui soit digne d’être économiste en chef ? Sur des questions aussi sensibles que la concurrence ? Navrant. »
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