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Le Figaro I L'Américaine Fiona Scott Morton renonce à devenir économiste en chef à la Commission européenne

Sa candidature avait été minée par les réticences des eurodéputés, ainsi que d’officiels français, depuis plusieurs jours. Emmanuel Macron s’était notamment dit «dubitatif».   

 Après plusieurs jours de polémique, la Commission européenne ne recrutera finalement pas une Américaine au poste d’économiste en chef de la direction générale de la concurrence de l'Union. Dans un message posté notamment sur Twitter ce mercredi matin, la commissaire en charge de la Concurrence, Margrethe Vestager, a indiqué que Fiona Scott Morton a choisi de «ne pas accepter le poste».    

«Je suis honorée d’avoir été choisie. [...] Cependant, au vu de la controverse politique qui a débuté en raison de la sélection d’un non-Européen pour occuper le poste [...], j’ai déterminé que la meilleure ligne de conduite est de me retirer, et de ne pas prendre le poste», a écrit la chercheuse et enseignante à Yale dans un message partagé sur Twitter par la commissaire européenne. Et de souhaiter «le meilleur» à l’équipe de Margrethe Vestager. «J’accepte cela avec regret, et j’espère qu’elle continuera à utiliser ses compétences extraordinaires pour faire pression en faveur d’une application stricte de la concurrence», a commenté, de son côté, la représentante de l’Union.   

 Cette annonce a été accueillie favorablement par de nombreux représentants. «Nous sommes satisfaits de cette décision qui préserve la souveraineté numérique européenne», a commenté l’entourage du ministre délégué français chargé du Numérique, Jean-Noël Barrot. «Je salue la décision de Fiona Scott Morton de retirer sa candidature», a réagi l’eurodéputée française (Renew Europe) Stéphanie Yon-Courtin. «Ce n'est qu'une première étape : il faut maintenant faire la lumière sur le processus qui a conduit à ce recrutement», a plaidé son collègue (PPE) François Xavier-Bellamy. «Ce qui est plus étonnant, c’est que ça vienne d’elle, qu’elle ait été défendue par la Commission jusqu’au bout alors que le Parlement a montré un front uni», s’est étonnée l’écologiste Karima Delli. «C’est une défaite pour la commission européenne et une belle victoire pour les intérêts français», a considéré, de son côté, le groupe RN à l’Assemblée nationale.   

 Macron «dubitatif» 

 Les opposants à cette nomination sont donc parvenus à faire plier la Commission, après plusieurs jours d’intense polémique. D’emblée, le parcours de Fiona Scott Morton, certes brillant, a fait tiquer nombre d’officiels, outrés de l’arrivée d’une Américaine ayant conseillé des géants de la Tech à ce poste stratégique. «Embaucher une lobbyiste américaine des GAFAM au moment où l'Europe se décidait enfin à limiter leur pouvoir, c'est un comble», s’indignait ainsi l’eurodéputé Geoffroy Didier récemment, quand le directeur du groupe de réflexion American Economic Liberties Project décrivait ce choix comme un «cheval de Troie pour Big Tech», dans un entretien au Monde .   

 Ces derniers jours, la controverse a pris une autre dimension, à mesure qu’eurodéputés et officiels français ferraillaient contre Bruxelles. Plusieurs ministres tricolores sont montés au front, et Emmanuel Macron s’est lui-même étonné de cette nomination, se disant «dubitatif». Plusieurs commissaires européens commençaient, eux aussi, à exprimer des réticences, signalées dans une lettre à la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, selon l’AFP. Auditionnée devant le parlement européen mardi, la commissaire Margrethe Vestager a, quant à elle, justifié son choix, estimant qu’il «n'y avait pas beaucoup de personnes dans le monde qui correspondaient à ce rôle très spécifique». Elle devra désormais relancer le processus pour trouver un autre candidat tout aussi talentueux, mais Européen, cette fois.      

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