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L'Usine Nouvelle I « Le bois a de l’avenir dans le conditionnement », estime Claire Lacroix (Lacroix emballages)

Menacés d’interdiction par le projet de règlement sur les emballages et les déchets d’emballages (PPWR), les emballages légers en bois ont, pour le moment, obtenu une dérogation. À la tête de Lacroix emballages, Claire Lacroix explique pourquoi, selon elle, ce matériau possède un fort potentiel. Et pourquoi il est intéressant dans une stratégie multimatériau. 

Emballages Magazine : Lors de la rédaction du projet de règlement sur les emballages et les déchets d’emballages (PPWR), les députés européens ont failli tirer un trait définitif sur les conditionnements en bois. Vous êtes-vous jamais sentis en péril alors que ce matériau représente un pan essentiel de votre activité ? 

Claire Lacroix : Tout est arrivé très vite. Nous avons été surpris par ce projet de réglementation qui excluait les emballages légers en bois. Nous sommes aujourd’hui une entreprise multimatériau. Nous réalisons, dans l’Union européenne 40% de notre chiffre d’affaires dans le carton et 35% dans le bois, le complément étant représenté par le plastique. Mais le bois représente nos racines, puisque mon grand-père a démarré son activité dans ce domaine. Nous fournissons en boîtes en bois la plupart des groupes fromagers. Alors, quand Bruxelles a décidé de l’éliminer pour cause de manque de recyclabilité, nous avons essayé de nous défendre par tous les moyens avec l’aide d’un cabinet de conseil. 

Et nous avons appelé les députés locaux qui ont répondu présent à l’image de Bertrand Sorre, élu de la Manche, Marie-Christine Dalloz dans le Jura et de Cécile Untermaier en Saône-et-Loire. Nous avons aussi été entendus par des députés européens français comme Arnaud Danjean, Stéphanie Yon-Courtin et Pascal Canfin et nous avons ainsi obtenu une dérogation. Mais la partie n’est pas terminée. Il faudra se battre jusqu’au bout. 

Intégration verticale 

Il y a peu, vous avez investi, 40 millions d’euros à Branges (Saône-et-Loire) dans une usine dédiée au bois déroulé en peuplier. 

Pourquoi croyez-vous autant dans l’avenir de ce matériau ? 

Le bois a de l’avenir dans le conditionnement. Il possède une excellente image et une empreinte carbone faible, ce qui en fait une solution de choix sur le plan environnemental. Nous y croyons fermement. C’est ce qui nous a conduits à investir dans cette deuxième usine qui nous permet, avec l’unité de Cousance, dans le Jura, de traiter quelque 100 000 m³ de peuplier par an, directement à partir du billon, ce qui renforce notre intégration verticale sur ce matériau. Nous sommes optimistes, car, au-delà des marchés historiques comme les boîtes fromagères collées et agrafées, nous continuons à nous diversifier sur de nouveaux segments porteurs comme des barquettes pour les plats cuisinés, la charcuterie, les produits de la mer ou les fruits et légumes. Les plats cuisinés, en l’occurrence, représentent un bel exemple. Nous produisons aujourd’hui quelque 80 millions de conditionnements en bois pour ce segment. Ce montant a doublé depuis cinq ans. Les industriels s’y intéressent de plus en plus, car ils voient dans le bois un matériau naturel, adapté aux exigences des consommateurs. 

Cette usine, comme la plupart de la trentaine d’unités de production que vous possédez dans le monde, emploie une quarantaine de personnes. Est-ce une volonté industrielle que celle de ne pas créer des gros sites de production ? 

Ces usines sont issues de notre volonté de nous rapprocher de nos clients, pour mieux les approvisionner. C’est le cas pour la France, mais aussi pour l’export, où nous avons accompagné nos clients présents dans le secteur laitier. Nous sommes présents sur trois continents, de l’Europe à l’Asie en passant par l’Amérique du Sud, les États-Unis et le Canada. Il s’agit d’unités de production avec des activités bien spécifiques, de petite taille, possédant une cinquantaine de salariés, qui suffisent parfaitement à répondre aux objectifs pour lesquelles elles ont été créées. 

Une nouvelle filiale au Mexique 

Y a-t-il de nouveaux projets à l’export ? 

Après l’Espagne, où nous avons créé une filiale spécialisée dans le bois, nous allons prochainement nous installer au Mexique. Nous serons alors présents en Amérique du Nord et du Sud ainsi qu’en Amérique centrale. 

Du côté des matériaux, vos développements se limitent-ils au bois ? 

Nous travaillons depuis deux ans sur la cellulose moulée. Nous nous intéressons au procédé humide. C’est un complément de gamme très intéressant par rapport au reste de notre offre. Notre objectif est de faire évoluer ce matériau qui, aujourd’hui, se limite à des applications dans le « food service », pour l’adapter aux industries de l’agroalimentaire en optimisant par conséquent ses caractéristiques barrière, mais aussi son scellage, le clipsage, l’impression. 

Proposez-vous déjà des produits dans ce domaine ? 

Nous finalisons encore les développements. Nous pensons être prêts dans quelques mois. 

Il est rare qu’un fournisseur d’emballages ait une expertise dans la fabrication de trois, bientôt quatre, matériaux d’emballages. La plupart des groupes ont, au contraire, tendance à se recentrer pour réaliser des économies d’échelle et sur les achats. 

Pourquoi vous situez-vous à contre-courant? 

Nous sommes présents dans le carton, le bois et le plastique, car ces trois matériaux répondent à des contraintes différentes. Si le carton offre d’excellentes possibilités pour l’impression, le plastique excelle au niveau de la conservation, alors que le bois est apprécié pour sa naturalité. Cette offre diversifiée nous permet de répondre à plusieurs besoins et de manière plus juste aux exigences de nos clients. La cellulose moulée nous permettra, sans doute, d’aller encore plus loin.

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