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Ouest France I Services numériques « addictifs » sur les téléphones : le Parlement européen sonne l’alarme

Mardi, un rapport sur la conception addictive des services en ligne a été voté lors de la session plénière du Parlement européen.

Dans le collimateur du Parlement européen, Instagram, TikTok et, plus généralement, toutes les applications qui font passer des heures sur nos téléphones. Les eurodéputés ont voté mardi 12 décembre 2023 (545 voix pour, 12 voix contre et 61 abstentions) un texte appelant au développement de produits numériques « éthiques », qui ne reposent pas sur des « interfaces trompeuses » et des « conceptions addictives ».

Selon le rapport d’initiative, qui demande à la Commission européenne de présenter une loi en la matière, certains services numériques présentent un caractère addictif pour capter l’attention des personnes vulnérables… et monétiser leurs données. 

« Nous vivons dans un monde où il est de plus en plus difficile de se déconnecter», rappelle l’élue centriste Stéphanie Yon-Courtin (Renew Europe). «Les Big Tech ont un intérêt financier évident à retenir les utilisateurs sur leurs plateformes pour monétiser leurs données personnelles, mais cela ne doit pas se faire au détriment de notre bien-être. Nous devons établir un équilibre entre l’innovation et la protection des consommateurs », ajoute-t-elle. 

Le groupe des sociaux-démocrates affirme ainsi dans un communiqué que « des systèmes de recommandation basés sur l’interaction (Netflix, YouTube, Amazon) maintiennent les utilisateurs sur la plateforme aussi longtemps que possible au lieu de les servir de manière neutre »

Les eurodéputés en ont marre du « défilement infini » 

« Beaucoup d’entre nous sont littéralement accros à leur téléphone. Mais ce ne sont pas les personnes qui posent problème ; ce sont les services en ligne, tels que les jeux, les médias sociaux, les sites de streaming et les places de marché en ligne, qui sont conçus pour nous rendre accros au défilement », alerte Alex Saliba élu maltais social-démocrate. 

Les eurodéputés appellent donc à interdire certaines « caractéristiques de conception nocives », comme le défilement infini, la fonction de lecture automatique des vidéos par défaut et les notifications « push » constantes. « Certaines entreprises technologiques se servent de la conception et des fonctionnalités de leurs plateformes en ligne pour tirer profit des vulnérabilités », estime ainsi l’élu français Geoffroy Didier (LR, PPE).

Des risques sur la santé mentale des jeunes 

Selon les études reprises par le Parlement européen dans l’élaboration de ce texte, l’impact de la dépendance numérique est très fort sur la santé mentale et physique des enfants. Les eurodéputés s’inquiètent notamment des conséquences sur la perte de concentration et de capacité cognitive et les risques de stress ou de dépression. 

« Ce rapport met en lumière que les jeunes de 16 à 24 ans passent plus de 7 heures par jour sur internet et que près d’un jeune ou d’un enfant sur quatre a une utilisation addictive de son smartphone », s’inquiète Geoffroy Didier. « Cela peut avoir un impact même sur le développement du cerveau » des plus jeunes, affirme l’élu français.

« Certaines des mesures que nous préconisons auront des retombées immédiates, comme la désactivation par défaut de toutes les notifications et des avertissements lorsque les utilisateurs passent trop de temps à regarder l’écran », rappelle l’élu Alex Saliba (S & D).

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