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La Croix I Euro numérique : la Commission européenne ouvre la voie à une nouvelle devise électronique
La Commission européenne a dévoilé mercredi 28 juin une proposition législative esquissant un futur « euro numérique ». Il devrait s’ajouter aux autres moyens de paiement déjà existants, être gratuit et disponible partout, même hors ligne.
Payer, sans lâcher le volant, son parking ou son essence directement depuis sa voiture connectée, grâce à une future monnaie dématérialisée mais partagée par bon nombre d’États, sans différence de conditions ou de plafonds d’un pays à l’autre ?
Cela sera bientôt possible, à en croire la Commission européenne, qui a dévoilé hier une proposition législative visant à introduire un « euro numérique » – qui ne serait autre que la version électronique de la monnaie unique.
Ajouter aux options de paiement déjà existantes
La Commission européenne l’imagine comme une nouvelle devise électronique qui s’ajouterait aux options de paiement déjà existantes. Concrètement, ses utilisateurs pourraient régler leurs transactions avec une carte ou avec leur téléphone mobile, mais une connexion Internet ne sera pas forcément nécessaire. Et ces services (ouverture ou fermeture d’un compte, ajout de fonds, transferts, paiements, etc.) seraient gratuits, promet l’exécutif européen, qui insiste aussi sur le haut niveau de protection des données des utilisateurs.
À en croire la Commission, un paiement avec les nouveaux « euros numériques » serait aussi sécurisé qu’un règlement en espèces. En revanche, un compte en banque garni de cette monnaie numérique ne pourrait rien rapporter à son détenteur. Il ne pourrait donc pas s’agir de comptes d’épargne avec des intérêts à la clé. Par contre, il serait possible de cumuler plusieurs comptes.
Le texte doit être négocié par le Parlement européen et les États membres, puis il reviendra à la Banque centrale européenne (BCE) de mettre sur pied cette nouvelle monnaie. À partir de Francfort-sur-le-Main, siège de la Banque centrale européenne, en Allemagne, des tests sont menés depuis juillet 2021.
Beaucoup d’États y réfléchissent
La Commission européenne souligne que, les Européens étant de plus en plus friands des paiements dématérialisés, et les distributeurs de billets se faisant de plus en plus rares sur le territoire du Vieux Continent, l’intérêt se fait sentir de ce nouvel « euro numérique » dans les vingt pays qui utilisent l’euro.
Dans ces États, toutes les enseignes ou administrations seraient tenues d’accepter ce type de paiement, « hormis les très petits commerçants qui préfèrent refuser les paiements numériques, en raison du coût disproportionné d’une nouvelle infrastructure de réception de paiements », précise l’institution.
Elle est loin d’être la seule à réfléchir à la thématique de la monnaie numérique : au sein de l’UE, la Suède songe à introduire l’« e-couronne ». Le Royaume-Uni et les États-Unis pèsent aussi le pour et le contre de potentiels « livres numériques » et « dollars numériques ». Mais le pays le plus avancé en la matière n’est autre que la Chine : le yuan numérique existe déjà « et ne cesse d’être utilisé dans toujours plus de régions », note la Commission.
Les banques réfractaires
L’eurodéputée Stéphanie Yon-Courtin (Renew Europe), membre de la commission des affaires économiques et monétaires (Econ) du Parlement européen, voit d’un plutôt bon œil ce projet bruxellois, « car un euro numérique ajouterait une couche supplémentaire à la souveraineté numérique de l’UE ». Elle le considère aussi comme une bonne alternative aux options de paiement proposées par Apple Pay, Google Pay et assimilés. « Mais il faut être vigilant et obtenir de vrais gages de sécurité pour que cette nouvelle monnaie puisse être utilisée à bon escient », ajoute l’élue.
Les banques, elles, sont très réfractaires aux idées mises en avant par la Commission européenne. « L’euro dématérialisé est offert depuis des années par les banques commerciales (...). Il n'existe pas, à date, de besoin qui ne serait pas déjà couvert », insiste la Fédération bancaire française. Au contraire, le Bureau européen des unions de consommateurs (Beuc), à Bruxelles, se dit « très favorable » à son introduction. Mais, selon la Commission, cette devise dématérialisée inédite à l’échelle d’un continent ne devrait pas voir le jour avant 2028. Au plus tôt.
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