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Euractiv I La France devrait s’abstenir une nouvelle fois sur la réautorisation du glyphosate
Invité de France Info mercredi matin (15 octobre), le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a admis que « s’il n’y a pas de changement, il n’y a pas de raison que le vote change », concernant la proposition de la Commission européenne de renouveler pour 10 ans l’autorisation du glyphosate dans l’UE.
Le 13 octobre dernier, la France s’était déjà abstenue lors du Comité permanent des végétaux, des animaux, des denrées alimentaires et de l’alimentation animale (Scopaff), et aucune majorité n’avait été trouvée entre les États membres à l’issue des votes.
D’où la nouvelle consultation qui aura lieu ce jeudi en Comité d’appel. Si aucune majorité n’en sort, l’exécutif européen devra alors décider seul avant le 15 décembre prochain, date de la fin de l’autorisation actuelle.
La France avait justifié sa décision en expliquant vouloir réduire l’utilisation de l’herbicide, sans pour autant l’interdire totalement.
“Nous sommes le seul pays du monde à avoir baissé de 30% les usages” du glyphosate, a rappelé le ministre, avant d’ajouter qu’« aucun pays européen ne se passe du glyphosate », faute d’alternatives.
En 2022, les utilisations de glyphosate ont en effet baissé de 27 % par rapport à la période 2015-2017 d’après le ministère. Ceci après une augmentation de 42 % entre 2019 et 2020.
Aujourd’hui, seul le Luxembourg a totalement interdit la molécule. Le duché, mais aussi l’Allemagne et l’Autriche se sont opposés au renouvellement lors du dernier vote et devraient réitérer ce jeudi.
Pressions
« Je dénonce la lâcheté et l’hypocrisie de la France sur le glyphosate. S’abstenir sans proposer d’alternative c’est laisser la Commission européenne décider seule et donc laisser passer sa proposition inacceptable », a réagi l’eurodéputé socialiste Christophe Clergeau, mercredi sur X (ex-Twitter).
De son côté l’eurodéputée Stéphanie Yon-Courtin (Renew) a défendu la position française. « Nous voulons une harmonisation de l’approche restrictive de la France », « mais qu’est-ce qu’on offre aux agriculteurs ? Il leur faut un filet de sécurité ». Pour l’élue, la proposition de la Commission reste « inacceptable ».
Depuis plusieurs jours, les ONG, la Confédération paysanne et l’UFC que choisir font pression sur le ministre pour qu’il revoie sa position, et votre contre.
Vendredi 10 novembre dernier, 200 manifestants de Bretagne et des Pays de la Loire se sont donné rendez-vous à Angers – ville de l’actuel ministre de la Transition écologique – à l’appel d’une quinzaine d’associations pour dire non à l’herbicide controversé.
Les opposants pointent notamment l’étude de l’OMS en 2015 classant le glyphosate dans les cancérogènes probables, ou les derniers travaux italiens qui établissent un lien entre exposition à la substance et leucémie. Ils rappellent également que l’interdiction « dans les trois ans » était une promesse du Président Emmanuel Macron en 2017.
Les tenants du statu quo ou de l’autorisation insistent sur les dizaines d’agences réglementaires (dont l’EFSA) qui concluent que le risque cancérigène du glyphosate est improbable.
« Je vous assure que je m’intéresse à la santé des Français» , a martelé Marc Fesneau sur France Info, en reconnaissant toutefois que sans alternative efficace « l’interdiction totale, ce n’est pas possible» .
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