Céline Schoen
12 November 2024
La Croix
L’experte espagnole de la politique climatique Teresa Ribera devrait occuper le haut de l’affiche au sein de la prochaine Commission européenne. Son audition, mardi 12 novembre au Parlement européen, est
particulièrement attendue.
Elle s’apprête à occuper le deuxième poste le plus important de la Commission européenne, après celui
d’Ursula von der Leyen, la présidente. Mardi 12 novembre, l’Espagnole Teresa Ribera sera entendue par les eurodéputés du Parlement, pour prendre le poste de vice-présidente exécutive de la Commission,
responsable de la transition écologique « propre, juste et compétitive ». Elle aura notamment sous ses ordres la puissante Direction générale de la concurrence, l’une des administrations les plus influentes à Bruxelles.
À 55 ans, cette proche du premier ministre espagnol socialiste Pedro Sanchez est une experte des sujets environnementaux. Après avoir dirigé le Bureau espagnol du changement climatique au milieu des années 2000, et occupé un poste de secrétaire d’État au changement climatique, elle rejoint en 2013 l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri), un groupe de réflexion français spécialisé dans les politiques climatiques. Cinq ans plus tard, elle est choisie par Pedro Sanchez pour devenir ministre de l’environnement.
Parmi ses combats récents, Teresa Ribera n’a pas hésité à croiser le fer avec les grands patrons espagnols du secteur énergétique (Iberdrola ou Repsol). Et elle est aussi montée au créneau… contre Ursula von der Leyen, qu’elle jugeait trop timorée sur le plan environnemental. Elle possède cette « rare capacité de négocier des accords difficiles : sur une transition juste avec les travailleurs du charbon en Espagne et sur une élimination progressive des combustibles fossiles avec les principales sociétés pétrolières », estime l’experte Linda Kalcher, du think tank Strategic Perspectives.
Avant de passer sur le gril, elle a dû, comme ses 26 homologues qui ambitionnent de rejoindre le collège des commissaires, répondre à une série de questions écrites soigneusement préparée par les élus. En 16 pages, elle s’est appliquée à démontrer sa vision pour l’avenir. « Je suis convaincue de l’importance d’aligner les politiques économiques et environnementales afin d’engendrer des bénéfices sociaux et des gains de prospérité économique et de compétitivité », plaide-t-elle. Proche d’elle, l’eurodéputé socialiste espagnol Javi Lopez en est persuadé : « Cette technicienne hors pair saura prouver que l’agenda vert n’est pas une
punition », et que « la politique industrielle ne pourra être bénéfique que si elle va de pair avec un
changement de mentalité massif ».
Reste que la tâche s’annonce ardue : il va falloir partager une partie de ses attributions avec d’autres
vice-présidents, le centriste français Stéphane Séjourné à la stratégie industrielle et l’Italien Raffaele Fitto, membre du parti néofasciste Fratelli d’Italia, chargé des territoires et des transports.
L’étendue de son portefeuille est également déjà critiquée par ceux qui craignent que les problématiques de concurrence et de souveraineté numérique ne passent à la trappe. « J’attends qu’elle manifeste un peu plus d’intérêt pour ces thématiques, dans une période qui s’annonce compliquée en matière de souveraineté numérique avec le retour de Donald Trump et de son conseiller spécial Elon Musk au pouvoir », estime notamment l’eurodéputée Renew Stéphanie Yon-Courtin, selon qui « il va être difficile d’être à la fois une géante verte et une shérif du numérique ».