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Les Echos I Gendarme bancaire : les eurodéputés valident sur le fil la nomination de Claudia Buch

La Commission ECON du Parlement européen approuve du bout des lèvres la nomination de la vice-présidente de la Bundesbank à la tête du Conseil de surveillance prudentielle. Ils préféraient la candidate espagnole.

Les eurodéputés ont manifesté ce mercredi 20 septembre leur dépit de n'avoir pas été plus écoutés par le Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) dans le processus de désignation de la nouvelle présidente du Conseil de surveillance prudentielle, le gendarme bancaire européen. 

Les membres de la Commission des affaires économiques et monétaires (ECON) du Parlement européen ont certes validé à 16 heures la nomination de l'Allemande Claudia Buch, avancée par les gouverneurs, mais du bout des lèvres : 29 voix pour, 23 contre, et 2 abstentions. 

Leur préférence allait à une autre candidate, l'Espagnole Margarita Delgado, qui leur avait fait une forte impression en juillet dernier lors de son audition au Parlement. La numéro deux de la banque d'Espagne peut, il est vrai, se prévaloir d'un parcours impressionnant dans la supervision bancaire. 

Dossier parallèle de la BEI

Les membres de la Commission ECON n'avaient pas ménagé Claudia Buch, vice-présidente de la Bundesbank, lors d'une nouvelle audition mercredi matin. Le premier à prendre à la parole, le Belge Johan van Overtveldt (groupe ECR, eurosceptique), lui a ainsi demandé de but en blanc si elle se sentait « à l'aise dans sa position de candidate désignée par le Conseil des Gouverneurs de la BCE alors que nous avions apporté notre soutien unanime à une autre candidature ». 

Il s'est dit déçu que la BCE, « que j'aime penser indépendante », se soit laissé influencer « par un contexte européen plus large que le seul Conseil de surveillance prudentielle ». Il faisait ainsi allusion à la candidature parallèle d'une autre Espagnole, Nadia Calvino , à la présidence de la Banque européenne d'investissement (BEI).

Compétences réunies 

La ministre de l'Economie de Pedro Sanchez est donnée favorite, or il serait très inhabituel de nommer dans la même période deux Espagnoles à des postes éminents de l'UE. Qui plus est, la nomination de Claudia Buch à la tête du gendarme bancaire « compense » en quelque sorte l'Allemagne de la perte de la BEI, présidée depuis douze ans par Werner Hoyer.

« Il n'y avait pas de raison de retoquer Claudia Buch, qui a les compétences nécessaires et remplit notre souhait d'avoir une femme à ce poste. Les deux profils étaient en fait complémentaires, indiquait aux « Echos », après le vote, Stéphanie Yon-Courtin, coordinatrice de la Commission ECON (centriste).

Stabilité financière 

L'élue française précise toutefois que « le Parlement n'est pas une simple chambre d'enregistrement. Nous voulons jouer un rôle actif de contrôle, sûrement pas faire office de strapontin ». Il ne reste plus maintenant au Parlement qu'à confirmer en plénière le vote positif de ce mercredi, ce qui devrait être une formalité. 

Claudia Buch, habillée de bleu et d'une écharpe jaune (les couleurs du drapeau européen), a défendu son parcours, ses compétences, son « engagement complet pour la stabilité financière du continent ».

Lutte contre le blanchiment 

Elle a insisté sur la nécessité de protéger les consommateurs, surveiller le secteur financier non bancaire, faire avancer le dossier du système européen de garantie des dépôts. Elle a aussi évoqué la lutte contre le blanchiment d'argent. 

A ce propos, les Vingt-Sept doivent bientôt choisir le siège de la future Autorité européenne de lutte contre le blanchiment d'argent (AMLA) . Parmi les villes candidates, outre Paris, figurent Madrid et Francfort. Certains eurodéputés se demandent dans quelle mesure ce dossier ne s'est pas, lui aussi, immiscé dans les discussions sur le Conseil de surveillance prudentielle.

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