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Agence Europe I Après Elon Musk, Thierry Breton presse Mark Zuckerberg d'endiguer la publication de désinformation et de contenus illégaux sur Meta

Le commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton, a demandé, mercredi 11 octobre, au dirigeant du groupe Meta, Mark Zuckerberg, d’être vigilant en matière de modération de contenus, afin de se conformer aux règles de la législation sur les services numériques (DSA), dans un contexte d’explosion du nombre de contenus illégaux et de désinformation diffusés en ligne depuis les attaques terroristes menées par le Hamas contre Israël. La veille, la Commission avait déjà adressé un ultimatum au propriétaire du réseau social X (anciennement Twitter), Elon Musk, alors que les contenus illégaux fourmillent sur sa plateforme. 

« Bien que nous ayons noté les mesures prises par Meta pour augmenter les mesures d'atténuation au cours de la période précédant les récentes élections en Slovaquie (…), nous avons également été informés d'un nombre important de fausses informations et de contenus manipulés qui ont circulé sur vos plateformes et dont quelques-uns apparaissent encore en ligne », a écrit M. Breton dans une lettre envoyée à M. Zuckerberg. 

La Commission demande ainsi à l’entreprise de « faire en sorte que les systèmes d’atténuation soient efficaces » et de l’informer des mesures qui seront prises pour atténuer les ‘deepfakes’ alors que les tensions géopolitiques s’accroissent, que les conflits et tensions se multiplient et qu’un certain nombre d’élections en Pologne, aux Pays-Bas, en Belgique, en Croatie, en Autriche ou encore au PE auront lieu prochainement. 

Mardi 10 octobre au soir, la Commission s’était montrée moins tendre avec Elon Musk, à qui elle avait demandé de faire preuve « d'une grande transparence et d'une grande clarté » quant au contenu autorisé et « d'appliquer vos propres politiques de manière cohérente et diligente », surtout « lorsqu’il s'agit de contenus violents et terroristes ».  

En outre, la Commission avait rappelé que, selon les règles du DSA, le retrait des contenus problématiques doit être effectué « rapidement, avec diligence et objectivité » après la réception des notifications de contenu illégal au sein de l’UE. Plusieurs « sources qualifiées » ont informé la Commission que des contenus « potentiellement illégaux » continuaient de circuler malgré les avertissements des autorités compétentes.  

Enfin, des mesures d’atténuation devaient être mises en place pour réduire la désinformation galopante sur la plateforme en ligne. Des médias publics et des organisations issues de la société civile ont fait état de cas d’images ou de vidéos circulant sur X et n’ayant aucun rapport avec la situation en Israël et à Gaza.  

Vingt-quatre heures pour répondre  

Dans sa lettre adressée à MM. Musk et Zuckerberg, Thierry Breton a indiqué que les deux hommes disposaient de 24 heures pour « apporter une réponse rapide, précise et complète » aux demandes de la Commission, faute de quoi une enquête pourrait être ouverte. Celle-ci pourrait déboucher, en cas de constatation de non-conformité au DSA, sur d’importantes sanctions, notamment financières.  

« Notre politique est que tout soit ouvert et transparent, une approche que je sais que l'UE soutient », a répondu Elon Musk sur X, demandant à la Commission de dresser la liste des violations auxquelles elle fait allusion sur le réseau social, « afin que le public puisse les voir ». 

« Vous êtes bien conscient des rapports de vos utilisateurs - et des autorités - sur le faux contenu et la glorification de la violence. À vous de montrer que vous passez de la parole aux actes », lui a rétorqué M. Breton dans la foulée. 

Plusieurs eurodéputés ont également réagi au bref échange entre les deux hommes. Stéphanie Yon-Courtin (Renew Europe, française) a notamment rappelé que les amendes et interdictions d’opérer sur le marché intérieur de l’UE « ne sont pas des menaces », mais « les conséquences en cas de non-respect des règles ».  

De son côté, le ministre allemand chargé du Numérique, Volker Wissing, a lui aussi demandé à Elon Musk de ne faire preuve « d’aucune tolérance pour le terrorisme ou contre Israël et la vie juive », ajoutant qu’il s’agissait d’un « devoir légal et d’une responsabilité éthique » que de « n’offrir  aucune tribune aux terroristes et aux antisémites », et de supprimer les comptes et contenus illégaux. « Arrêtez ces comptes », a-t-il demandé à M. Musk, en guise de conclusion. 

Cette passe d’armes entre la Commission et le propriétaire de X n’est pas une première. Les demandes de mise en conformité au DSA adressées à la plateforme se sont multipliées depuis l’entrée en vigueur du texte, en novembre 2022. En juin dernier, le commissaire au Marché intérieur appelait encore M. Musk à renforcer ses moyens afin d’être en mesure de respecter le DSA.

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