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Ouest France I « Je suis candidate aux élections européennes » - 12.02.2024

Calvados

Stéphanie Yon-Courtin est la seule eurodéputée du Calvados. L’ancienne maire de Saint-Contest, dans l’agglomération de Caen, siège au sein du groupe Renew au parlement européen. Elle se verrait bien repartir pour un tour en juin 2024, à l’occasion des élections européennes. En attendant de connaître la liste de la majorité présidentielle (Renaissance), Stéphanie Yon-Courtin fait le bilan de ces cinq années européennes.

Entretien 

Vous êtes eurodéputée depuis 2019. À l’heure du bilan, à quatre mois des élections européennes, si vous ne deviez retenir qu’une chose de ces cinq années, ce serait quoi ?

Que l’Europe n’avance vraiment qu’en temps de crise. Ce mandat a été particulièrement marqué par la multiplication des crises : le Brexit, le Covid, la guerre en Ukraine. Plus que jamais on a besoin de l’Europe mais de quelle Europe a-t-on besoin ? D’autres crises s’annoncent ou sont là (le retour possible de Trump, la guerre Azerbaïdjan-Arménie, les tensions au Proche-Orient…), l’Europe doit être prête et doit être forte. 

Quels sont les grands dossiers sur lesquels vous avez travaillé pendant ce mandat ? 

Je suis coordinatrice de la commission des Affaires économiques et monétaires, membre de la commission du Marché intérieur et de la protection des consommateurs, membre de la commission Pêche, présidente de la délégation pour les relations avec le Canada et membre de la délégation du partenariat avec le Royaume-Uni. 

J’ai travaillé sur énormément de sujets sur le numérique notamment, avec l’encadrement des Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft, N.D.L.R.). L’Acte sur les marchés numériques permet de limiter le pouvoir de ces « monstres » du web. Sur les questions de cybersécurité, la réglementation de l’intelligence artificielle, la politique de concurrence, l’harmonisation des pratiques des crédits à la consommation… J’ai œuvré, avec d’autres, pour l’obtention des licences de pêche post-Brexit. 

Avec ma collègue Véronique Trillet-Lenoir, nous avons obtenu la reconnaissance du droit à l’oubli après un traitement du cancer. 

Vous ne semblez pas lassée de l’Europe ? 

C’est quelque chose qui m’anime depuis le plus jeune âge. Mon père a vécu la Seconde Guerre mondiale et l’Occupation dans la Manche. Moi, j’ai fait des études à l’étranger, j’ai travaillé en tant que juriste à la Commission européenne à Bruxelles, et même en tant qu’élue locale, lorsque j’étais maire de Saint-Contest, j’ai encouragé la création d’un jumelage avec l’Irlande. L’Europe, j’ai toujours baigné dedans.

Vous serez candidate en juin ? 

Oui, j’aimerais poursuivre le travail. Cinq ans, c’est court, d’autant plus que ce mandat a été amputé de deux ans, en raison du Covid. Je ne suis pas une fan des longs mandats mais c’est un mandat technique, qui demande du temps. 

La liste de la majorité présidentielle n’est pas encore connue. Pas plus que celle ou celui qui sera tête de liste depuis le départ pour le quai d’Orsay de Stéphane Séjourné, pressenti pour mener la campagne.

Notre mandat se termine en avril. On ne connaîtra peut-être notre liste qu’en mars, c’est long mais ce n’est pas moi qui décide. Et ça ne m’empêche pas de rester dans l’action jusqu’à la fin de ce mandat. 

L’Europe est encore souvent montrée du doigt pour sa bureaucratie, son manque de transparence et ses difficultés à se transformer en profondeur. Le scandale du Qatargate (1) n’a pas aidé. Comment redonner confiance aux électeurs ? 

La confiance, elle ne se décrète pas, elle s’installe. Je ne suis pas « eurobéate », je sais que plein de choses ne vont pas. Mais sans l’Europe, on fait comment ? On serait peut-être en train d’envoyer nos enfants se préparer à faire la guerre. Les agriculteurs traversent une grave crise mais sans la Pac (Politique agricole commune), à quelles aides auraient-ils droit ? L’Europe est trop souvent le bouc émissaire mais attention aux discours simplistes. À nous de montrer à quoi sert vraiment l’Europe sur le terrain. Et l’Europe est partout. 

 (1) Le Qatargate est la plus grande affaire de corruption qu’ait connue le Parlement européen : des élus ont touché des pots-de-vin pour convaincre leurs collègues d’être plus conciliants avec le régime de Doha. 

Stéphanie Yon-Courtin, eurodéputée élue en 2019, fait le bilan de son premier mandat européen. La Calvadosienne est aussi conseillère régionale de Normandie. Ouest-France

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