La pêche européenne « ne doit pas être sacrifiée »
Ce 19 mai, à Londres, va se dérouler le premier sommet « UE/UK » (Union européenne et Royaume-Uni) depuis le Brexit, le 31 janvier 2020 (lire en page 2). António Costa, président du Conseil européen, et Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, vont s’entretenir avec Keir Starmer, Premier ministre britannique.
Parmi les nombreux sujets de négociations (défense, énergie, mobi- lité…), la pêche risque d’être un point chaud.
La pêche européenne ne doit pasêtre « sacrifiée, être une variable d’ajustement par rapport aux autres sujets », prévient Stéphanie Yon-Courtin, eurodéputée Renew Europe (parti centriste). L’élue normande est également vice- présidente de la commission pêche du Parlement.
Si ce secteur pèse économiquement peu par rapport à la défense ou l’énergie, il joue un rôle crucial dans l’économie « côtière, notamment normande. Et politiquement, les enjeux sont très forts. C’est l’un des principaux points qui enflamment les négociations depuis le Brexit », affirme-t-elle.
Fin de l’accord dans un an
Un accord, depuis la scission anglaise, a été trouvé. Il court jusqu’au 30 juin 2026 et prévoit qu’en échange d’un accès aux eaux britanniques, les pêcheurs européens cèdent 25 % de leurs quotas de pêche – les quantités autorisées de capture, qui varient selon les espèces. « Au 1er juillet 2026, s’il n’y a pas de nouvel accord, nous perdrons notre accès aux eaux anglaises », résume Stéphanie Yon-Courtin. Or, elles sont vitales pour les pêcheurs français, mais aussi belges ou néerlandais. Bon nombre d’espèces naissent sur les côtes européennes et vivent ensuite de l’autre côte de la Manche, dans des eaux plus froides et plus profondes. Les poissons adultes, qui intéressent les pêcheurs, sont donc côté anglais.
L’accord actuel prévoit également une renégociation annuelle entre Européens et Britanniques surce sujet. Pour l’eurodéputée, la demande de l’UE doit être simple : « Exiger le statu quo. C’est-à-dire le même accord, un accès aux eaux contre 25 % des quotas, et sans renégociation annuelle. Nos pêcheurs ont besoin de visibilité, on ne peut pas remettre en jeu notre accès aux eaux britanniques chaque année », expose-t-elle.
Le ministère de la Transition écologique, chargé de la Mer et de la Pêche, se fait plus secret : « Toute négociation diplomatique requiert de la confidentialité. Mais le préalable pour la France, c’est en effet le maintien d’un accès pérenne aux eaux britanniques. L’idée, ce n’est pas de renégocier tous les ans ni même tous les cinq ans cet accès », y confirme-t-on.
« L’objectif [de ce lundi] est vraiment de trouver un accord. Maintenant, plusieurs options sont possibles. Il sera appliqué comme l’actuel, via des quotas et des licences d’accès », précise-t-on encore.
Vrai accord pour la pêche
Stéphanie Yon-Courtin voit plus loin que l’accès « post-2026, qui est l’urgence. Il existe d’autres points de tension avec les Britanniques depuis le Brexit », analyse-t-elle. Ces derniers sont notamment accusés d’avoir créé des aires marines protégées qui « morcellent leurs eaux et restreignent les possibilités de pêche des navires européens », tance l’eurodéputée normande.
Face aux Anglais « qui ont besoin du marché européen pour écouler leurs produits de la mer », l’eurodéputée estime que les Européens « parleront d’une même voix. C’est une opportunité pour nos dirigeants de poser les bases d’un vrai accord pour la pêche. »