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NUMÉRIQUE : Corporate Europe Observatory s'inquiète de l'important lobbying des géants du numérique
L'organisation bruxelloise Corporate Europe Observatory craint la puissante influence de l'industrie du numérique sur le futur Acte sur les services numériques et la mise à jour des règles de concurrence. Dans un état des lieux publié mercredi 23 septembre, l'ONG souligne que les GAFAM disposent de moyens conséquents, avec des dépenses en lobbying deux fois plus élevées que celles de l'industrie automobile. En s'appuyant sur les chiffres disponibles dans la base de données de lobbies de l'UE Lobbyfacts.eu, CEO affirme que les dépenses de lobbying des Google, Amazon, Microsoft, Facebook et Apple (GAFAM) avoisinent les 21 millions d'euros par an. C'est Google qui est en tête de peloton, avec 8 millions d'euros dépensés (chiffres 2018), suivi de Microsoft avec 5 millions d'euros (chiffres 2019). Facebook arrive à la cinquième place avec 4,25 millions d'euros, juste après le géant pétrolier Shell et l'entreprise pharmaceutique Bayer. Corporate Europe Observatory rappelle que ces géants sont également membres d'associations du type DIGITALEUROPE qui ont leurs propres dépenses de lobbying.
Groupes de réflexion et accès privilégiés Ces moyens conséquents permettent aux géants du numérique de faire entendre leur voix, notamment par le biais de cercles de réflexion ou grâce à des rencontres avec des représentants de haut niveau de la Commission. CEO recense, depuis 2014, 254 réunions avec la Commission, soit le nombre le plus important de rencontres avec une entreprise privée. L'observatoire regrette en outre le manque de transparence concernant les soutiens apportés par certaines entreprises à des centres de réflexion (think tanks), voire leur appartenance à ces centres en tant que membres. Il montre par exemple que Facebook en particulier a travaillé avec plusieurs cercles de réflexion sans le divulguer (CERRE, Bruegel, EPC, Friends of Europe, Lisbon Council et TPN).
Mme Yon-Courtin menace d'interdire l'accès au Parlement européen aux GAFAM Le 10 septembre, la députée Renew Europe Stéphanie Yon-Courtin (française) a adressé une demande à la présidente de la commission des affaires économiques (ECON) pour auditionner devant le Parlement européen les dirigeants de Google, Amazon, Facebook et Apple et les questionner sur « leurs pratiques anticoncurrentielles ainsi que sur les enjeux de la taxation des entreprises du numérique ». Elle a par la suite, dans une interview accordée à la presse, appelé ses collègues à durcir le ton en cas de refus. « S’ils refusent de nous parler, nous leur fermerons les portes du Parlement. Nous pourrons interdire à leur lobby ou à leurs représentants l'accès au Parlement et/ou à la Commission à travers le registre de transparence. Leurs nombreuses équipes de lobbyistes n'auront alors plus d'interlocuteurs », a-t-elle expliqué à EUROPE.