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Le Marin - Budget de la Commission européenne : la pêche vivement préoccupée par le sort réservé au Feampa - 17/07/2025

Budget de la Commission européenne : la pêche vivement préoccupée par le sort réservé au Feampa

La Commission européenne a présenté mercredi 16 juillet sa proposition budgétaire pour la période 2028-2034 qui s’élève à près de 2 000 milliards d’euros. Ce budget à long terme prévoit de regrouper les fonds de l’UE mis en œuvre par les États membres et les régions. Au détriment du secteur de la pêche, alerte le secteur.

La proposition budgétaire pour la période 2028-2034, présentée par la Commission européenne, mercredi 16 juillet, envisage de fusionner de nombreux fonds et programmes européens. Le Fonds européen pour les affaires maritimes, la pêche et l’aquaculture (Feampa) serait ainsi assimilé à plusieurs autres programmes, notamment ceux liés à l’agriculture, à la cohésion et au développement régional. La commission prévoit ainsi un plan unique par État membre intégrant toutes les mesures de soutien pertinentes », notamment aux pêcheurs, cherchant à garantir ainsi un impact beaucoup plus fort et une utilisation beaucoup plus efficace des fonds européens ».

Cette décision suscite des inquiétudes du côté du secteur de la pêche. L’association professionnelle Europêche, qui milite pour garantir un fonds renforcé et indépendant dédié à la pêche met en garde contre une double absorption des financements destinés à la pêche. Car d’une part, du fait de sa fusion avec des fonds européens plus larges, et d’autre part, l’alignement des ressources du Feampa sur les objectifs du Pacte pour les océans, cela diluerait encore davantage sa capacité à répondre aux besoins spécifiques du secteur de la pêche.

Europêche pointe également la faiblesse de l’allocation dédiée de 2 milliards d’euros à la pêche, notamment par rapport au budget total du Feampa de 6,1 milliards d’euros pour la période 2021-2027. Un constat d’autant plus alarmant que le budget global de l’UE est passé de 1 200 milliards d’euros à 2 000 milliards d’euros. Pour les armateurs européens, cela envoie un signal décourageant au secteur européen de la pêche et aux communautés côtières qui en dépendent ». Un avis partagé côté politique.

Des conditions de concurrence inégales

Cette proposition de pot commun fait craindre une diminution des financements et une renationalisation des fonds, a commenté la députée européenne Stéphanie Yon-Courtin, se disant vivement préoccupée par le sort réservé au Feampa . Un avis partagé par Isabelle Le Callennec, pour qui l’enveloppe du Feampa qui vise à soutenir la pêche durable, à renforcer la résilience du secteur et à faciliter la gestion des crises doit être au minimum sanctuarisée . Pour la rapporteure permanente pour la commission pêche du Parlement européen, il en va de la sécurité et de la souveraineté alimentaire de l’Union ».

La région Bretagne, qui aura bénéficié de 58,2 millions d’euros pour la période 2021-2027, s’inquiète également d’une possible main mise de l’État sur ses budgets.

Le secteur européen de la pêche souligne de son côté la contradiction entre les priorités politiques de la commission – compétitivité, résilience et autonomie stratégique – et le traitement réservé au secteur de la pêche. Nous nous attendions à une enveloppe financière ambitieuse reconnaissant le rôle vital de la flotte de pêche dans la fourniture d’une alimentation saine, la sécurité alimentaire et la protection du climat. Au lieu de cela, nous assistons à un affaiblissement du soutien à un secteur déjà soumis à de fortes tensions et en déclin constant », a commenté Javier Garat, président d’Europêche.

L’association pointe aussi du doigt l’absence de taux de cofinancement définis pour les navires de plus de 12 mètres , qui, combinée à l’absence générale de mesures financières obligatoires pour relever les défis de la pêche, laisse aux États membres toute latitude pour décider si et comment allouer des fonds à la flotte de pêche . Cela risque d’entraîner un soutien inégal au sein de l’UE et de créer des conditions de concurrence inégales qui compromettent la concurrence loyale et la cohésion au sein du marché unique ».

Mélanie Chartier