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L'Opinion - Allemagne : le successeur d’Olaf Scholz attendu comme le père Noël par les Européens - 20/02/2025
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Allemagne : le successeur d’Olaf Scholz attendu comme le père Noël par les Européens
Quel que soit le prochain chancelier allemand, il a déjà deux atouts dans sa manche : il met fin à la laborieuse coalition « des feux tricolores » qui a éprouvé les nerfs des Européens ces quatre dernières années ; et il sera comparé à Olaf Scholz, qui n’a pas brillé par son esprit d’initiative communautaire. « C’était un chancelier faible personnellement et politiquement, qui a été assez passif, si bien que son pays n’a plus été en capacité de porter une vision claire, remarque Eric Maurice, analyste au Centre de politique européenne, un think tank bruxellois. En grande partie du fait de sa personnalité assez timorée et prudente, mais aussi du fait de la paralysie et des contradictions internes de sa coalition ». Par comparaison, le conservateur Friedrich Merz, probable futur chancelier selon les sondages, « sera plus dynamique, engagé et volontariste sur la scène européenne », poursuit l'expert. Ces derniers mois, les diplomates bruxellois mentionnaient souvent l'échéance de février 2025 comme susceptible de mettre fin à l'attentisme européen sur la compétitivité et la défense.
Dans l'Union, on ne peut rien faire sans Berlin. « L’élection de dimanche donnera la direction politique du pays le plus peuplé, le plus riche économiquement et peut-être le plus influent politiquement dans le système européen, résume Eric Maurice. Mais cela ne veut pas dire qu’il y aura un changement décisif suffisant pour relever le niveau d’ambition ». « Inconnue ». En effet, le candidat de la CDU devra lui aussi former une coalition, dont la configuration et la taille seront déterminantes. Cela devrait lui prendre au moins jusqu'à Pâques. Aura-t-il à s’allier uniquement avec les socio-démocrates, ou également avec les Verts ? Quel sera leur programme commun sur la sécurité, le budget, l'énergie ? Le score de l'extrême droite pèsera-t-il sur les choix ?
« La grande inconnue n’est pas l’élection de Merz, mais l’étendue de sa victoire et donc de sa légitimité au sein de la future coalition », souligne l’eurodéputée Stéphanie Yon-Courtin, coordinatrice pour Renew de la commission des affaires économiques.
Une chose est sûre : Friedrich Merz semble plus porté sur l'Union qu’Olaf Scholz. Le chef des conservateurs, rappelant souvent son expérience comme eurodéputé, a promis de s’impliquer « beaucoup plus fortement dans les questions essentielles de la politique européenne », dans un discours du 23 janvier.
« Si l’Allemagne se tait, nous ne méprisons pas seulement nos propres intérêts, mais nous nuisons également à la capacité d’action de l’ensemble de la communauté européenne », a-t-il déclaré. Les membres de son gouvernement devront tous parler un « anglais basique » et participer « régulièrement aux conseils des ministres à Bruxelles ». Couple. Friedrich Merz compte aussi relancer le couple franco-allemand et le triangle de Weimar, en se rendant à Paris et Varsovie « dès le premier jour » de son mandat pour « réparer » les relations.
Il s'est dit « fermement décidé, dans les deux années de mandat qui restent à Emmanuel Macron, à concrétiser ensemble la vision d’une Europe souveraine ». Sur la défense en particulier, il est « plus proche de la doctrine offensive de la France », souligne Stéphanie Yon-Courtin. Il a dit être prêt à livrer des missiles Taurus à l’Ukraine, ce à quoi Olaf Scholz s’est toujours opposé. Le chancelier actuel freine à la fois sur un nouvel emprunt commun et sur l’envoi de troupes au sol.
De son côté, Friedrich Merz est ouvert à réformer le frein à l’endettement national, mais s’est engagé fin 2024 à bloquer un nouvel emprunt européen. Reste à éclaircir la question du financement de son programme, sur lequel « il est très flou », relève Eric Maurice. L’Allemagne soutiendra-t-elle de grands investissements industriels, climatiques et énergétiques ? Soutiendra-t-elle une augmentation du prochain budget pluriannuel ? Enfin, Paris et Berlin auront maille à partir sur les questions commerciales, Friedrich Merz étant un fervent défenseur de l'accord Mercosur.
Jade Grandin de l'Eprevier