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L'Usine Digitale I Bruxelles prépare le terrain pour un futur "euro numérique"

Il devrait s’ajouter aux autres moyens de paiement déjà existants, être gratuit et disponible partout, même offine : l’euro numérique fait l’objet d’une proposition de régulation par la Commission européenne.

Arriver en voiture connectée dans une station essence du futur où le paiement sera directement effectué via le véhicule ? La Commission européenne imagine parfaitement ce genre de scénario, dans un avenir peut-être pas trop lointain. Alors elle veut être prête. Mercredi 28 juin, l’institution a dévoilé une proposition législative visant à introduire un "euro numérique", qui ne serait autre que la version dématérialisée de la monnaie unique. 

 La Commission européenne imagine cet "euro numérique" comme une nouvelle devise électronique qui s’ajouterait aux options de paiement déjà existantes. Ces "euros numériques" pourront être dépensés par le biais d’une carte ou d’un téléphone mobile, qui fonctionneraient aussi hors ligne. L’exécutif européen insiste aussi sur la protection des données des utilisateurs. L’institution promet que celles-ci seront aussi bien protégées au moment d’un paiement en "euros numériques" que si la transaction avait été payée en espèces. 

 In fine, c’est à la Banque centrale européenne (BCE), installée à Francfort en Allemagne, que reviendra la mission de mettre concrètement sur pied cette nouvelle monnaie électronique. Elle mène une phase de test depuis juillet 2021, afin que la nouvelle devise dématérialisée puisse exister dès 2027 ou 2028. 

 La Commission européenne souligne que puisque les Européens sont de plus en plus friands de paiements dématérialisés et que les distributeurs de billets se font de plus en plus rares sur le territoire du Vieux continent, il y a intérêt à introduire ce nouvel "euro numérique" dans les 20 pays qui utilisent l’euro. 

 Une alternative à Apple Pay ou Google Pay

 Pour l’eurodéputée Stéphanie Yon-Courtin (Renew Europe), membre de la commission des Affaires économiques et monétaires (ECON) du Parlement européen, voit d’un plutôt bon oeil le projet de la Commission européenne "car un 'euro numérique' ajouterait une couche supplémentaire à la souveraineté numérique de l’UE".

Elle y voit aussi une bonne alternative aux options de paiement proposées par Apple Pay et autres Google Pay. "Mais il faut être vigilants et obtenir de vrais gages de sécurité pour que cette nouvelle monnaie puisse être utilisée à bon escient", ajoute l’élue. 

 Les banques, elles, sont très réfractaires aux idées mises en avant par la Commission européenne. "L'euro dématérialisé est offert depuis des années par les banques commerciales (...). Il n'existe pas à date de besoin qui ne serait pas déjà couvert", insiste la Fédération bancaire française. 

 Au contraire, le Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC) se dit "très favorable" à son introduction. Mais avant qu’une nouvelle application estampillée "BCE" ne fleurisse sur les téléphones des Européens, la proposition devra être négociée par les Etats membres et le Parlement européen. Et, à la différence de bon nombre de paiements, cela n’a rien d’instantané.

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